Résilients : épisode 3.
Bonjour, voici votre troisième lettre d’information :) Vous êtes maintenant 500 Résilients à nous suivre.
Comme nous l’avions annoncé, nous allons étoffer notre approche éditoriale au fil des mois, et ce mois-ci nous vous proposons d’en découvrir un peu plus sur la résilience financière avec Yoann Lopez.
Dans cette discussion, Yoann nous parle notamment de sa vision de la résilience, de la relation à l'argent et décrit quelques principes appliqués.
Avant de lire l’interview, il est important de noter que ce contenu ne constitue une rubrique de conseils en matière d’investissement. Cette rubrique a été réalisée afin de vous fournir des éléments de réflexion sur la résilience financière.
Nous commençons ce mois-ci en accueillant notre premier invité : Yoann Lopez, auteur de Snowball pour parler de résilience financière. Vous retrouverez ci-dessous les réponses aux questions qui lui ont été posées.
Comment définirais-tu la résilience financière?
YL — « Selon moi, la question de la résilience financière pour tout le monde, ce n’est pas de se transformer en un fond d’investissement et de faire en sorte de gagner de l’argent quand les marchés financiers sont en hausse ou en baisse. Ce n’est pas notre travail. La résilience financière c’est simplement faire en sorte de survivre aux différentes fluctuations des marchés tout au long de notre vie afin de pouvoir utiliser notre argent épargné ou investi à différents moments de notre vie. »
Si la résilience financière c’est anticiper et se remettre des chocs financiers (augmentation du cours des matériaux, des matières premières, précarité grandissante…). Penses-tu que l’on augmente sa résilience financière si l’on essaye de diminuer ses besoins financiers tout en gardant un niveau de vie raisonnable (exemple : diminuer son temps de travail et donc son salaire, mais augmenter son temps de travail au potager) ?
YL — « Comme on ne peut pas anticiper les baisses des marchés, notre but sera de survivre aux baisses pour épargner ou investir pendant et après ces baisses. Ainsi, il faut arriver à maîtriser certains risques. Heureusement, c’est quelque chose sur lequel on a la maîtrise ! En effet, il est absolument nécessaire pour quiconque souhaite investir financièrement dans sa résilience (certains le feront via des cryptomonnaies, d’autres dans un bien immobilier, d’autres encore, dans des outils, des compétences, etc.) et de se constituer un matelas de sécurité qui permet de prendre certains risques. Ce matelas dépend de notre situation et des risques auxquels nous faisons face. Pour généraliser : un freelance avec un petit salaire et avec des enfants essayera d’avoir plus d’argent de côté qu’un fonctionnaire célibataire avec la sécurité de l’emploi. Ce matelas de sécurité est selon moi, la base pour pouvoir prendre des risques. À partir de cela, je pense qu’il faut réussir à épargner régulièrement pour pouvoir à nouveau prendre des risques modérés et investir et ainsi de suite pour se libérer des contraintes économiques des marchés. »
Valeurs refuges : faut-il investir dans l’or et l’argent ? Pas tant pour gagner plus et faire du profit, mais pour avoir de quoi payer si la monnaie est défaillante dans son propre pays ? (exemple avec le Vénézuela)
YL — « En effet, cela peut rentrer dans une stratégie d’investissement et de gestion des risques. Au départ, il faut savoir qu’à cause de l’inflation, la valeur d’un euro diminue année après année. Par conséquent, conserver des euros sur un temps long n’est pas forcément une bonne idée (en dehors de son épargne de sécurité ou du moins une partie de celle ci). Pour certaines personnes, posséder des actions, des cryptomonnaies, de l’or, de l’art, etc. est une façon de se protéger contre la dévalorisation de la monnaie […] De même, quand les marchés s’écroulent, les biens fonciers ne perdent pas forcément leur valeur intrinsèque. En dehors de l’or, aujourd’hui les cryptomonnaies et même certaines actions d’entreprises sont considérées comme des valeurs refuges car elles sont en quantités limités avec une demande qui augmente et donc des prix qui augmentent dans le temps. Cette augmentation permet pour certains de conserver la valeur des euros, dollars, etc. gagnés et même d’augmenter parfois cette valeur ou limiter sa dévalorisation. »
Les banques françaises garantiraient les dépôts bancaires à hauteur de 100 000€. Est-ce vrai ? Que signifie cette garantie ? Si la banque s’effondre ou le système monétaire s’effondre, chaque personne repartirait-elle avec son argent jusqu’à 100 000€ ? Difficile à croire.
YL — « Alors oui c’est vrai et j’imagine que théoriquement, le gouvernement est prêt à faire face à une telle situation en cas de faillite d’une ou plusieurs banques (l’histoire l’a montré récemment). Après, si tout le système s’effondre, ce n’est pas vraiment grave car nous aurons d’autres problèmes bien plus importants à gérer. Si l’intégralité du système monétaire d’un pays s’effondre, posséder de l’or ou des cryptomonnaies pourraient être une forme de valeur refuge, mais je doute fortement qu’on en arrive là un jour. »
Sans corrompre son éthique (comme investir dans certaines cryptomonnaies, créer des sites de dropshipping, vendre de la publicité, etc.), quelles mécaniques de « revenus passifs » sont imaginables ? Est-ce une légende ? Souvent, ce que l’on trouve sur le web est assez pernicieux.
YL — « Comme pour tout, il y a du bon et du mauvais sur Internet. Pour générer des revenus passifs il existe bon nombre de petits projets relativement simple à mettre en place. Par contre, il faut savoir que ça n’est jamais réellement passif. Il faudra toujours travailler et faire de la maintenance, s’occuper de vérifier que tout fonctionne bien, réparer et améliorer chaque projet. Par exemple, certaines personnes achètent des véhicules ou des logements pour les mettre en location, d’autres créent des projets numériques comme des newsletters ou des chaînes Youtube et essayent d’avoir une audience importante pour monétiser cette audience. Mais encore une fois, c’est loin d’être passif. Je pense que le 100 % passif est possible mais cela reste extrêmement rare. »
Enfin, on entend souvent ces trois principes pour augmenter la résilience financière des entreprises :
1. avoir de la liquidité
2. maintenir les coûts fixes
3. être prêt à changer facilement
Qu’en penses-tu? Et comment appliquer ces principes à titre personnel?
YL — « Je suis plutôt d’accord avec tous ces principes. La liquidité c’est un peu l’équivalent du matelas de sécurité pour un individu. Cependant, il faut avoir juste ce qu’il faut pour être en sécurité et ne pas oublier que l’argent perd de la valeur avec le temps. Par exemple, on entend souvent dire que l’entreprise Apple est assise sur une énorme pile de cash, mais en réalité, la grande majorité de cet argent est investi sur les marchés financiers pour générer des revenus. Maintenir les coûts fixes et surtout bien maîtriser ces derniers et l’équivalent d’une bonne gestion de budget pour un individu ou une famille. Si on gère mal son budget, alors il est difficile de dégager une épargne et donc d’être résilient. Enfin, s’adapter et être prêt à changer facilement est un peu la base de tout. On vit dans un monde qui évolue trop rapidement avec des règles qui changent parfois du jour au lendemain. Si on ne s’adapte pas d’une façon ou d’une autre, on peut vite se retrouver en difficulté. »
Merci Yoann !
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Le mois prochain, on vous parlera de comment se préparer à l’apocalypse (oui carrément 😁). N’hésitez pas non plus à partager cette newsletter et nous soutenir si vous avez aimé.